samedi 17 mars 2012

Des disques : L'Arpeggiata

L'Arpeggiata

Tout a commencé par un film, le deuxième de Philippe Claudel, Tous les soleils (2011). J’avais aimé Il y a longtemps que je t’aime (2008), en partie parce que j’y retrouvais l’atmosphère de deux de ses romans, Les Ames grises (2003) et Le Rapport Brodeck (2007). Quand j’ai vu qu’il avait sorti un deuxième film, j’y suis allée les yeux fermés, je ne savais même pas de quoi ça parlait. Ma surprise fut alors d’autant plus grande : le personnage principal du film est professeur de musique baroque à l’université de Strasbourg, spécialiste de la tarentelle. Je n’ai jamais caché ma fascination pour la musique baroque, pour le paradoxe de cette gaité empreinte de nostalgie (importance donnée au contrepoint), ou cette nostalgie empreinte de gaité (importance donnée aux ornements). C’est tout ce que j’aime, c’est pour moi l’essence même de l’humanité, donc un des fondements de l’art.

Le film m’a plu mais cette page n’est pas le lieu pour en parler. Il m’a surtout permis de découvrir une formation baroque, L’Arpeggiata, dont l’album La tarantella (2001) constitue la bande son, et qui propose un répertoire du baroque traditionnel du sud de l’Italie. Dans cet album, mes deux morceaux préférés sont Silenzio d’amuri et Tarantella calabrese.

L’Arpeggiata est une formation baroque créée en 2000 par la harpiste et luthiste Christina Pluhar, qui joue aussi du théorbe, cette sorte de grand luth à 14 cordes, inventé en Italie au XVIe siècle. Cet ensemble « a pour vocation d’explorer la riche musique du répertoire peu connu des compositeurs romains, napolitains, français et espagnols du premier baroque », à savoir le début du XVIIe. Par ailleurs, « il s’est donné comme fils directeurs l’improvisation instrumentale[1] » de même qu’il ʺmet en scèneʺ ses interprétations, restant ainsi fidèle à la tradition baroque qui ne dissocie pas musique, chant, danse et théâtre. Pour interpréter ce répertoire, Christina Pluhar fait appel à des solistes de renommée internationale dont le plus célèbre est certainement le contre-ténor Philippe Jaroussky.

Christina Pluhar

Ont suivi de nombreux albums dont Los impossibles (2009) et Los pájaros perdidos (2012). Le premier propose des morceaux espagnols et mexicains du XVIIe siècle parmi lesquels La dia spagnola et El guapo sont de pures merveilles.

Dans Los pájaros perdidos, Christina Pluhar nous invite à un voyage musical en Amérique latine, du baroque au tango, en passant par le boléro et le fandango. On peut lui reprocher d’avoir introduit des morceaux trop connus sans en proposer une interprétation nouvelle comme c’est le cas pour Bésame mucho. Quant aux hispanophones et hispanistes chevronnés, ils seront déçus par des morceaux comme Duerme negrito ou Alfonsina y el mar car ils n’apportent rien d’original aux interprétations d’Atahualpa Yupanqui pour le premier, de Mercedes Sosa pour le deuxième. Passons cependant sur cet excès de marketing car le reste est magnifique et à la hauteur de ce que la musicienne et son ensemble proposent depuis le premier album. En ce qui me concerne, j’ai été envoûtée par ¡Ay! este azul et Como la cigarra, deux morceaux interprétés par Philippe Jaroussky (en solo pour le premier, en duo avec Raquel Andueza pour le deuxième).

L’Arpeggiata à la salle Gaveau, le 31 janvier 2012




[1] Toutes les citations sont extraites du site de l’ensemble : http://www.arpeggiata.com/.


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